Par Francisco Nobre – Doctorat en Microéconomie appliquée & chercheur postdoctoral à l’Aston Business School et assistant d’enseignement au Royal Holloway University de Londres.
Actualités Portugal - Au cours de la dernière décennie, les locations à court terme (logements de type Airbnb) sont devenues un sujet très débattu et la compréhension des ramifications économiques complètes de ces plateformes d’hébergement entre pairs s’est transformée en une question de recherche intéressante et fructueuse pour les universitaires.
Explorer l’impact d’Airbnb au Portugal est d’une importance vitale : non seulement ces types de logements ont connu une forte hausse depuis 2014, comme le montre la figure ci-dessous, mais ils ont également soulevé des préoccupations parmi les résidents, en raison de leur effet sur l’augmentation des prix du logement et la réduction de l’offre de logements. En fait, le mois dernier, l’assemblée municipale de Lisbonne a approuvé un référendum local sur l’interdiction des locations à court terme.
Des recherches antérieures ont montré qu’effectivement Airbnb conduit à une hausse des prix des logements, dans des villes comme Lisbonne et Barcelone. Des études ont également identifié le rôle de Airbnb dans la conduite des équipements de loisirs. Par exemple, on a constaté qu’à Madrid, 10 chambres Airbnb dans un quartier ont conduit à l’ouverture d’un autre restaurant.
Cependant, l’impact des locations à court terme sur la performance des entreprises locales est resté largement inexploré. Par conséquent, avec João Pereira dos Santos et Ronize Cruz, nous avons analysé comment Airbnb a façonné les entreprises locales à Lisbonne et à Porto, les deux plus grands centres urbains du pays.
Pour ce faire, nous avons commencé par déterminer le niveau d’exposition à Airbnb, au niveau de la paroisse civile, obtenu par le ratio des nouvelles locations à court terme par rapport au parc immobilier. Nous avons ensuite estimé l’effet de cette exposition sur les indicateurs de rendement des entreprises entre 2016 et 2019.
Nous montrons que l’exposition accrue aux locations à court terme entraîne une augmentation des fermetures d’entreprises, en particulier pour les entreprises à faible productivité. Nous soutenons que cela est vraisemblablement dû à une augmentation des loyers des propriétés commerciales. Les données indiquent également que l’exposition accrue à Airbnb entraîne une augmentation des ventes pour les entreprises axées sur les résidents (épiceries, détaillants) et les entreprises axées sur le tourisme (restaurants, bars, cafés), ces dernières connaissant également une hausse importante du nombre d’employés, salaires et liquidités.
Les quartiers où la part d’hébergement Airbnb est plus élevée sont plus susceptibles de voir des entreprises en phase d’entrée s’orienter vers les besoins touristiques, ce qui pourrait conduire à une séparation claire entre les zones touristiques et résidentielles. De plus, les entreprises en phase d’entrée ont un chiffre d’affaires plus élevé mais ne sont pas nécessairement plus productives ou rentables.
Dans notre recherche, nous montrons que les locations à court terme peuvent stimuler l’expansion des entreprises qui survivent, en particulier les entreprises touristiques, tout en remodelant le paysage urbain des affaires, créant une division entre zones touristiques et résidentielles, démontrant ainsi les implications sociales et économiques plus larges de ces services d’hébergement.
Auteur : Francisco Nobre - PhD - Doctorat en Microéconomie appliquée & chercheur postdoctoral à l’Aston Business School et assistant d’enseignement au Royal Holloway University de Londres - Site Web Francisco Nobre
Autres Auteurs : João Pereira dos Santos et Ronize Cruz